Message de l’AJB à l’occasion de la commémoration du 24e anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo

Hommage à Norbert Zongo et à ses compagnons d’infortune, Blaise Ilboudo, Ernest Zongo, Abdoulaye Nikiéma

Militantes et militants du CODMPP et de la CCVC !

Confrères et consœurs,

Peuple du pays réel !

13 décembre 1998- 13 décembre 2022 ! 24 ans jour pour jour ! 24 longues années que les souvenirs, la douleur sont vifs et intacts.

Le 13 décembre 1998, Norbert Zongo, journaliste émérite, patriote et démocrate est tombé sous les balles assassines de tueurs encagoulés mais, surtout lâches. Norbert Zongo, fondateur et Directeur de publication de l’hebdomadaire L’Indépendant était l’espoir d’un peuple.  Depuis, les commanditaires de son assassinat et ses assassins ont pu mesurer la détermination du peuple à les traquer et à les trainer devant la justice. Ils ont certes réussi à endeuiller des familles, le monde de la Presse et le pays réel, mais ils n’ont guère réussi à effrayer, ni à faire taire les journalistes, les défenseurs de la liberté de la presse, les défenseurs des droits humains et les démocrates.

Les journalistes du Burkina, de l’Afrique et du monde, les avocats des familles, les défenseurs des droits de l’homme, les militants du Pays réel se sont toujours mobilisés pour faire échec à toutes les stratégies destinées à consacrer l’impunité dans ce dossier. Les longues années de lutte, la répression, les tergiversations ne sont pas venues et ne viendront pas à bout de notre détermination. Que les nouveaux princes et leurs partisans prompts à applaudir toutes les restrictions à la liberté d’expression et de la presse en prennent de la graine.

Que tous ceux qui se reconnaissant dans le sacrifice de Norbert Zongo, digne fils du Burkina et d’Afrique cessent de hurler avec les loups.

Camarades !

Sept ans après la réouverture du dossier Norbert Zongo, les Burkinabè désespèrent toujours de connaitre la vérité un jour sur le quadruple assassinat de Sapouy. François Compaoré commanditaire présumé de ce quadruple assassinat de Sapouy s’accroche à la Cour européenne des droits de l’homme, pour échapper à la justice.

Combien de temps les Burkinabè devront-ils encore patienter pour que justice leur soit rendue ? Depuis 24 ans, cette question, nous l’avons toujours posée à notre justice.  Eh bien, depuis 24 ans, le peuple burkinabè, les ayant-droits de Norbert Zongo, Blaise Ilboudo, Ernest Zongo et Abdoulaye Nikiéma attendent la réponse.

Nous espérons comme dans les dossiers Dabo Boukari et Thomas Sankara avoir très bientôt une réponse.

Norbert Zongo !

En cette année, 24e anniversaire de ton assassinat barbare, les Burkinabè ont fait l’expérience de deux coups d’Etat. Un Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba et un Capitaine Ibrahim Traoré ont tour à tour déserté le front pour venir prendre la « chose » à Kossyam. Le promoteur du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration 1 (MPSR 1) Paul Henri Sandaogo Damiba a depuis lors traversé la frontière et s’est installé à Lomé au Togo, pour avoir mal protégé sa « chose ». Depuis la formule magique de Damiba « Celui qui se bat pour la chose, c’est pour lui la chose », Kossyam est devenu comme une jungle. A force de se battre pour « la chose », le Capitaine Ibrahim Traoré,  a fini par l’arracher des mains de Damiba, le 02 octobre 2022. A peine installé, le Capitaine Ibrahim Traoré, chef du MPSR 2 dit déjà avoir fait face à des « velléités de déstabilisation ».

En effet Damiba tout comme Traoré, chacun a dit avoir perpétré son coup d’Etat pour débarrasser le pays du terrorisme.  Mais après huit mois de règne, le Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba a plus brillé par ses talents de restaurateur du pouvoir vomi de Blaise Compaoré, qu’il a même ramené à Kossyam pour un simulacre de réconciliation, que dans la lutte contre le terrorisme.

Qu’en est-il de l’homme du 02 octobre 2022 ? Il a promis d’aller vite. Et c’est tout à son honneur et celui de ses compagnons d’armes.  Mais force est de constater que le drame est loin d’être jugulé. Les attaques meurtrières se poursuivent avec leur lot de victimes civiles et militaires.  Trop de pertes en vies humaines et de déplacés internes.  Le peuple saura  dresser son bilan en temps opportun, selon sa propre appréciation et saura lui témoigner sa reconnaissance où le mettre devant ses responsabilités. 

Depuis l’arrivée du MPSR au pouvoir, ses différents chefs semblent se dédouaner en jetant à tort la responsabilité de la situation dramatique que vit notre pays sur l’ensemble du peuple burkinabè. Cependant les patriotes et les démocrates, les défenseurs des droits humains ont toujours dénoncé et combattu les maux à l’origine du terrorisme, à savoir la corruption érigée en système de gouvernance, la gabegie et le clientélisme   politiques et l’impunité des crimes économiques et de sang.

 Aucun bruit ne saurait nous distraire !  

Norbert Zongo !

Les vieux démons sont tenaces dans ton pays le Burkina Faso. Un type « nouveau de patriotes » dénient le droit de parole à d’autres burkinabè.

Ainsi, des journalistes et des défenseurs de la liberté d’expression et de la presse se retrouvent sous des menaces pour avoir osé critiquer le prince du jour.

Des loubards prennent à partie des manifestants jusqu’en face de postes de sécurité et devant des agents de sécurité sans que cela ne les émeuve.  

Une chape de plomb pour ainsi dire s’abat sur les journalistes et les défenseurs de la liberté d’expression et de la presse. Au nom de la lutte contre le terrorisme, les espaces de liberté se ferment les uns après les autres. Pour avoir pignon sur rue, il faut être d’un bord donné.

Norbert Zongo !

Les mots, les formules justes, tu les aurais trouvés pour dénoncer les nouveaux putschistes, opportunistes des malheurs du peuple dont ils ne sont pas si étrangers.

Tu ne tairais pas leur propension à se prévaloir de la légitimité d’assises des forces vives pour se donner tous les droits, y compris de régenter les espaces de liberté. 

Tu n’aurais pas accepté qu’un seul soit fermé pour quelque motif que ce soit.  

Tu serais allé dans toutes les contrées pour porter le message du respect des droits humains.

Norbert Zongo !

Après 24 ans de mobilisation et de lutte, le peuple du pays réel est encore debout et te renouvelle son engagement à poursuivre le combat afin que vérité et justice soient rendues :

  • à toi et à tes compagnons d’infortune ;
  • à Flavien Nebié, ce jeune élève fauché à la fleur de l’âge dans cette lutte pour la vérité et la justice pour toi et tes compagnons ;
  • aux Martyrs de l’Insurrection populaire d’octobre 2014 et de la Résistance héroïque au putsch de septembre 2015, tombés pour la liberté et la démocratie.

Norbert Zongo, tes confrères ici présents te réitèrent, leur détermination à se battre sans relâche jusqu’à ce que la lumière soit faite sur ton assassinat odieux le 13 décembre 1998.

Vérité et justice pour toi Norbert Zongo et pour tes compagnons !

Vérité et justice pour les victimes de l’Insurrection et du putsch !

Vérité et justice pour toutes les victimes de crimes de sang !

Non aux menaces contre les journalistes !

Non à la caporalisation et au bâillonnement des médias publics par l’Exécutif !

Vive la liberté syndicale !

Vive la liberté d’expression et de la presse

N’an laara ! An saara !

Ouagadougou, le 13 décembre 2022

Pour l’AJB, Le Président

Guézouma SANOGO